En parfaite interprétation de la vision de son concepteur, l’architecte Bruno Erpicum, cette villa à l’architecture moderne a été pensée pour que la nature s’y invite. Un résultat de grande beauté, où pourtant seul l’élémentaire est mis à l’honneur…
Toutes les conceptions de grandes villas individuelles de l’illustre architecte belge, un peu partout dans le monde, sont toujours subjuguantes. Tant par leurs formes que par leurs âmes. Derrière les coups de crayons fluides de ce perfectionniste, se cache une grande sophistication scénique visant à faire entrer l’extérieur à l’intérieur. Un environnement toujours grandement prioritaire qui, selon lui, « prime sur le bâti ».
C’est dans cette philosophie là que cette maison, nommée BF our, a été conçue. Dans un secteur très privilégié à l’est de Bruxelles, à l’abri des regards, les 208 M2 de surface au sol ont été imaginés, 1 mètre sous le niveau de la voirie, pour permettre au bâtiment d’afficher une hauteur n’excédant pas 5.00 mètres au-dessus de celui-ci. L’impact visuel étant de ce fait réduit à la faveur de l’écrin de verdure. La végétation prime sur le bâtiment !
D’un point de vue esthétique, les façades présentent une grande élégance dans leurs textures avec un jeu d’équilibre des structures qui laisse admiratif. Architecturalement, un volume de briques grises étirées pèse lourdement sur le sol pour s’élever et présenter un porte à faux qui coiffe avec légèreté le verre et le bois. Un style qui provoque une sensation d’apesanteur, à l’image du porte-à-faux réalisé pour apporter l’ombre nécessaire aux pièces de vie du rez-de-chaussée. L’orientation, à priori peu favorable, a été mise à profit pour créer différents extérieurs qui sont parfois ensoleillés, parfois ombragés. Des espaces paysagers différenciés, parfois ouverts, parfois contenus, permettent de profiter du magnifique jardin à tous moments de la journée. Aussi, une pierre de porphyre a été utilisée pour les allées, les aires, ainsi que l’espace piscine en fond de parcelle, traversant le terrain comme un canal perdu entre les pins à gauche et le magnolia à sa droite…
« La justesse des proportions remplace toute forme de décoration »
Bruno Erpicum est catégorique. Il prône l’abolition de toutes formes de décoration dans l’habitat ! Il aime le ressenti. La matière brute, les textures, la lumière…l’harmonie avec l’environnement. Selon lui, la nature est le moyen de mettre de la poésie dans une habitation ! Cette villa en est une jolie démonstration, d’une beauté sobre. Ici, les pièces de vie sont organisées au rez-de-chaussée, avec séjour qui présente une baie de 9 mètres de large, s’ouvrant sur le jardin. Aucune colonne ne venant perturber cette ouverture, les deux seuls montants du coulissant ponctuent la baie.
Côté ouest, largement ouverte sur l’extérieur, la cuisine bénéficie d’une atmosphère intimiste, ombragée par les fleurs, aussi les feuilles des amélanchiers dont les troncs sculptés ponctuent la pelouse et les terrasses pavées. Une cuisine avec coin repas et au panorama ininterrompu dans l’aire de vie, exceptionnelle. « La pièce la plus importante de toute la maison », d’après l’architecte.
En bas, le plan est libre et les espaces sont ouverts. L’intimité des fonctions est cependant assurée par le volume de l’arrière-cuisine flanqué, côté séjour, d’un feu ouvert dont le foyer est dépourvu d’angles vifs. L’infini se lit pour mieux faire danser les flammes…
Seuls 3 matériaux composent l’architecture des lieux : le béton mat ou brillant, le bois de chêne brossé et le verre. Beaucoup de verre, pour abolir définitivement la frontière entre l’intérieur et l’extérieur. Plus qu’une nécessité, un besoin vital pour l’artiste ! À part de minuscules interrupteurs quasi invisibles, tout a été pensé pour faire disparaître les nécessités techniques. Les ferrures sont minimalistes, les poignées engravées, tout comme les systèmes d’éclairage. Un purisme parfait, qui consiste à « ôter le superflu pour ne garder que l’essentiel…“. Bruno Erpicum affirme d’ailleurs que « le nécessaire est le beau » !
Atelier d’Architecture Bruno Erpicum & Partners
Photos : René Dewit